Ces femmes que l’on ne voit pas dans la rue

Le 2 novembre dernier, à l’initiative de la Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière (TCGFL), en collaboration avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière (CISSSL), avait lieu à St-Liguori, une journée d’étude afin de faire la Lumière sur l’itinérance des femmes dans Lanaudière.

Une soixantaine de participantes et participants en provenance de 31 organisations situées dans l’ensemble de la région de Lanaudière ont échangé autour de cette réalité qui touche un plus grand nombre de femmes que l’on pourrait le penser. Des conférencières de la Maison de Sophia à Saint-Jérôme, de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et de ConcertAction Estrie ont dressé un portrait de la situation des femmes itinérantes ou en voie de le devenir et ont partagé des pistes d’action visant à mieux les rejoindre et les soutenir.

Danielle Forest, chargée de projet TCGFL; François Savoie, chef d’administration de programmes, Info-Social et équipe mobile de crise et itinérance CISSSL;  Éric Gagné, président-directeur général adjoint CISSSL; Francine Rivest, coordonnatrice TCGFL

Des femmes invisibles dans Lanaudière. Elles ne dorment pas dans les rues et on ne les voit pas mendier, comme c’est souvent le cas dans les plus grandes villes. Ces femmes sont très souvent en situation de précarité résidentielle. Elles n’ont pas vraiment de domicile à elles. Elles habitent chez des amis, dans leur famille, avec un conjoint violent, dans une maison de chambre. Elles fréquentent les ressources d’hébergement. Quand elles ont un logement, il est difficile d’y rester à cause du coût, de l’insalubrité ou de harcèlement de la part de propriétaires ou de voisins. Selon Josée Grenier, professeure et chercheure à l’UQO : « À se promener d’un logement à l’autre, on arrive jamais à se déposer! »

Diversité de situations. L’itinérance au féminin dans la région prend différents visages. Ces femmes sont jeunes et moins jeunes, célibataires, en couple, avec ou sans enfant. Malgré leur situation de pauvreté, ces femmes sont fières. Elles veulent être vêtues convenablement pour éviter d’être reconnues ou étiquetées.

Motifs ou conséquences? Plusieurs problématiques entraînent cette situation d’itinérance ou en deviennent les effets : la pauvreté, la violence, la consommation de drogue ou d’alcool, une santé mentale fragile, etc. 

Des ressources ouvertes à les soutenir. Lors de cette journée, il a été constaté que les organismes lanaudois se sentent concernés par la situation de ces femmes. Selon Danielle Forest, chargée de projet à la TCGFL, « Que l’on soit dans un groupe de femmes, une ressource en itinérance, un lieu d’accueil pour les personnes à faible revenu ou un établissement du CISSSL, les intervenantes et intervenants ont affirmé l’importance d’être en mesure de rejoindre ces femmes et de leur offrir le soutien correspondant à leurs besoins. » 

Des activités et des services à améliorer. Afin de mieux rejoindre et intervenir auprès de ces femmes, des actions sont possibles. Plusieurs ont été mentionnées au cours de la journée d’étude. Notons particulièrement une meilleure connaissance de la réalité et des besoins de ces femmes, et ce, de la part de divers types d’acteurs et actrices, une plus grande collaboration entre les ressources qui s’adressent spécifiquement aux femmes et celles du domaine de l’itinérance, la mise en place d’initiatives ciblées visant la prévention ou des interventions adéquates. Selon monsieur Gagné du CISSSL, « Le partenariat dans Lanaudière est une force. Les actions sur le terrain font vivre les orientations ministérielles. »

Une deuxième phase à venir. Les échanges de cette journée d’étude feront l’objet d’un rapport et de l’élaboration d’une stratégie d’action régionale qui sera soumise, en début de 2018, aux organisations concernées. 

En plus des participantes et participants, la TCGFL tient à remercier les quelque 20 personnes qui ont contribué à l’organisation et à la réalisation de la journée d’étude en tant que personnes-ressources sur le thème ou à l’animation et au secrétariat. Cette journée a été rendue possible grâce à la contribution financière du Secrétariat à la condition féminine du gouvernement du Québec et au soutien en ressources humaines et matérielles du CISSSL.